Le 24 aout 1944, lors de la libération de Marseille, Le Général allemand Boie, 3 colonels, 7 officiers et 1156 sous-officiers ou hommes de troupes réfugiés dans le bunker Von Hanstein niché dans les collines du quartier de Saint Tronc ont rendu les armes après une rude bataille qui a fait de nombreuses victimes.

Si ce genre de constructions de l'armée allemande sont très répandues à Marseille et sur toute la côte méditerranéenne, il est très difficile de savoir ce qu'ils cachaient et d'en obtenir les plans. Tout ceci a contribué à entretenir un mystère autour de l'étendue ce ces souterrains qui, de sources aussi sures que de purs fantasmes auraient été piégés par les soldats allemands au moment de la débâcle.

Pratiquant la spéléo depuis le début des années 1970, je me suis intéressé aux grottes mais également à tout ce qui se développe sous terre... Bunkers, galeries de mines, catacombes, canaux souterrains, égouts, champignonnières, cheminées d'aération, passages secrets en tous genres... (Liste à compléter...)

Depuis des milliers d'années, l'homme, cet animal à l'esprit tordu s'est aventuré sous terre y trouver l'abri, surmontant des peurs ancestrales irraisonnées. Quand il n'y avait pas de caverne naturelle, il s'est ingénié à creuser des tunnels, voire comme en Cappadoce de véritables « villes souterraines » qui étaient des refuges en périodes d'invasions ennemies.

Plus près de nous, les parisiens connaissent les catacombes dont la fréquentation est théoriquement interdite mais où il est surprenant de croiser une foule de gens improbables lorsque l'on s'y promène... Comme cette fois où, avec des copains spéléos de la capitale, nous avions croisés de drôles de « moines » trimballant avec difficulté un cercueil volumineux affublé d'une grande croix rouge... « Bonne soirée ! » ; « A vous aussi... ! » Il n'y avait rien de plus « normal » par ci semble t'il et il m'avait été expliqué qu'il devait y avoir « une messe noire » quelque part dans le dédale de galeries... !

A Marseille, alors que j'étais adolescent, j'avais quelques copains d'escapades avec qui je faisais les 400 coups. Membres d'un club de spéléo, nous avions découvert tout l'intérêt que pouvaient avoir les égouts pour les curieux intrépides en herbe que nous étions... Alors qu'Albert Spaggiari n'avait pas encore réalisé l'incroyable « casse de Nice », nous avions découvert qu'à Marseille, pénétrer dans les caves de certains immeubles anciens en empruntant de vieux égouts était d'une facilité déconcertante... A la différence de l'équipe de malfrats qui s'est illustrée en dévalisant une banque, ce n'était pour nous qu'un jeu et nous n'avons jamais dégradé ou volé quoi que ce soit...

Il y aurait beaucoup à raconter à propos de certains « exploits », comme ce véritable raid qui nous avait emmené jusqu'à la calanque de Cortiou en empruntant le « grand émissaire » dont la taille est vraiment impressionnante...

Une autre escapade nous avait conduit dans un autre souterrain qui allait être aménagé quelques années plus tard pour devenir le « tunnel Prado-Carénage »...

Le « tunnel du Rove » avait lui aussi reçu notre visite et nous avions emprunté un escalier branlant  débouchant en surface qui menaçait de s'effondrer à tout instant...

A guère plus de treize ans, nous avions rejoint un bunker du côté du « Mont Rose »... Au fond d'une galerie, nous étions tombés sur une pièce sans issue au fond de laquelle une grande croix était fixée au mur... Un squelette humain, peut-être un « faux » y était accroché et tout autour, des bougies éteintes étaient disposées, attestant qu'il avait du se dérouler ici une bien étrange cérémonie... Courageux mais pas téméraires, nous avions préféré détaler le plus vite possible, craignant de faire une mauvaise rencontre...

Ailleurs, nous avions découvert des munitions et nous n'avions rien trouvé de mieux que de faire péter quelques grenades... un jeu particulièrement stupide qui aurait pu tourner au drame... D'autres avaient récupéré des armes et des obus, autant d'engins que j'ai toujours préféré savoir le plus loin possible de moi...

Plus de trente ans plus tard, j'ai retrouvé le bunker Von Hanstein que j'avais eu l'occasion d'explorer une nuit et dont les accès avaient été murés par la suite... les photos qui illustrent cet article proviennent de ce souterrain qui aurait abrité un important poste de commandement de l'armée allemande. A la lueur d'une lampe frontale, il est difficile d'imaginer quelles étaient les conditions de vie de ces soldats terrés dans leur terrier géant qui devait être confronté à d'importants problèmes de ventilation. Après guerre, il aurait été squatté et les parois sont recouvertes de tags très souvent à la gloire des nazis... Un escalier impressionnant permet de ressortir dans la colline sur un promontoire  où aurait été installé une batterie équipée d'un canon à longue portée...

 Avec du recul et en ayant eu l'occasion de visiter plusieurs de ces installations, la stratégie allemande de contrôle de la ville apparait particulièrement bien pensée et il est heureux que les bâtisseurs n'aient pas eu le temps matériel nécessaire  pour terminer leurs travaux...

En  même temps que les anciens qui ont vécu cette période troublée, c'est tout un pan de l'histoire récente de la ville qui disparait...

A l'heure ou Marseille va devenir « capitale européenne de la culture », il est peut-être grand temps de faire quelque chose... !
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