Moins connu que le viaduc de Millau, (j’aime bien les comparaisons incongrues..) le petit pont qui enjambe le cours Lieutaud à Marseille est le rendez-vous incontournable des photographes professionnels les jours de manifestation. Il offre un point de vue intéressant sur les cortèges, même si le boulevard est souvent plongé dans l’ombre à l’heure où défilent les contestataires. Les plus aguerris d’entre eux n’oublient jamais de jeter un œil vers les objectifs des « snipers » qui les interpellent en faisant de grands gestes… C’est un peu comme s’il y avait un challenge à se retrouver à la « une » d’un journal…

 


Même si se placer ici est la garantie de faire quasiment les mêmes photos que les autres, la concurrence est rude et il devient difficile pour les retardataires d’occuper une bonne place. S’il n’y a pas encore eu d’empoignade, voire de bastonnade à coup de téléobjectif, rien n’est dit que cela n’arrivera pas et j’espère bien être là ce jour là… Pour immortaliser la scène !

 

Le 29 janvier dernier, jour de grand défilé unitaire anticrise et surtout antisarko, ils étaient là, traquant le cliché du siècle avec autant de chance d’y parvenir que de gagner le gros lot de l’euro million...

 

Monté sur le pont pour avoir une idée de l’ampleur du cortège, je retrouve quelques confrères concentrés sur leur travail. Certains rivalisent de longues focales dignes de paparazzis et c’est à se demander s’ils ne sont pas en train de jouer à « celui qui a la plus grosse » comme des ados dans un vestiaire…

 


A ce propos, je me souviens avoir dit un jour à un photographe fier de son 600mm que la longueur de la « bite » d’un mec qui fait des photos est en général inversement proportionnelle à longueur de son objectif préféré mais je ne suis pas certain qu’il ait vraiment compris mon humour…. Surtout lorsque je lui ai dit que personnellement j’ai un faible pour les « fish-eye »…

 

Observant cette scène en sifflotant « sur le pont d’Avignon, on y danse on y danse… », J’ai quitté les lieux à la manière de Brassens qui chantait que « dès qu’on est plus de quatre on est une bande de cons… ».

 

Préférant faire « bande à part », j’ai rejoint la piétaille sous le pont où des manifestants étaient en train de pendre deux personnages, « dépensez plus ! » et « mourrez plus ! », à moins que ce ne soient Nicolas et Carla  les « bien aimés »… 

 

Après cet intermède instructif, je me suis mêlé au cortège, me laissant guider par mon intuition, ce qui correspond davantage à ma manière de voir la vie. Chemin faisant, j’ai beaucoup discuté avec les gens et j’ai pu constater à quel point se creuse le fossé entre la population et son président qui peut d’ores et déjà se vanter d’avoir réussi l’exploit de faire descendre dans la rue des citoyens pour qui c’était une première

 

Enfin, je suis tombé sur un « créatif », un photographe  qui réalise de splendides « panoramiques à 360° » dans lesquels le visiteur se promène, comme s’il avait été présent sur place… :

 


http://www.360ouest.com/photo_fs.php?id=761

 

Alors que la tête du cortège arrivait du côté du boulevard Périer où avait lieu la dislocation, les derniers étaient encore sur le vieux port. Des syndicalistes outrés commentaient les premières informations sur la participation à cette manifestation20 000 personnes selon la police, ce qui est particulièrement ridicule, voire scandaleux…

 

Alors, je suis rentré chez moi, en me disant que si la presse voulait des images des élus qui parait-il fermaient le cortège, elle n’était pas prête de revoir ses photographes agglutinés sur le pont du cours Lieutaud comme des morpions sur le pubis d’une péripatéticienne, à moins que ce ne soit sur celui d’une baronne !

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