Depuis le début de l’année, les marseillais se réapproprient peu à peu le nouveau Vieux Port pavé qui offre de l’espace pour toutes sortes de manifestations et fournira peut-être les projectiles d’une prochaine révolution populaire…
En attendant de pouvoir vérifier si la si coûteuse Ombrière de l’architecte Norman Foster protège vraiment des rayons du soleil, ils ont pu tester l’étanchéité plus que perfectible de cette œuvre d’art inaugurée avant même que les travaux ne soient réellement terminés…
Les pêcheurs qui manquaient tant aux journaux télévisés de TF1 et consorts ont repris leur place pour la plus grande joie des touristes et des journalistes parisiens qui peuvent revenir interroger les poissonnières après chaque règlement de comptes ou évènement qui ne pourrait exister ailleurs qu’à Marseille…
Samedi matin, (« en avril ne te découvres pas d’un fil, en mai mets la burqa qui te plait… »), le temps était maussade, voire un peu trop frisquet pour un marseillais normalement constitué et les badauds n’avaient pas à se bousculer pour embarquer sur les navettes vers les Goudes ou l’Estaque. A l’écart du marché aux poissons, un groupe de jeune musiciens jouaient devant personne et ils auraient pu sans problème se passer de leur sono crachotante qui faisait surtout du bruit…
Un peu plus loin, l’éternelle mamy « avé l’assent » qui massacre le répertoire marseillais des années 30 n’avait pas l’air non plus de faire recette, même si,
modernisme oblige, elle était également équipée d’un micro et d’un ampli…
Alors qu’un homme sandwich des temps modernes se promenait, un ballon gonflé à l’hélium vantant les mérites d’une compagnie d’assurances au-dessus de la tête, voilà qu’un groupe trimballant un kakémono publicitaire déplié est arrivé sur l’esplanade. Après plusieurs essais, ils se sont enfin mis d’accord sur la destination définitive de leur stand qui commençait à intriguer les promeneurs. A peine était-il en place qu’un des musicos du groupe de jeunes installés un peu plus loin est venu voir de plus près qui étaient ces nouveaux venus et s-ils en avaient une plus grosse (sono) que la leur…
Peut-être ont-ils été déçus de constater que la vedette qui allait se produire ce jour là n’avait rien à voir avec le rap ou le slam, que ce n’était pas non plus un évangéliste ou un bateleur de foire capable de vendre de la glace aux eskimos, (quoi que…) Mais qu’il s’agissait plus simplement d’un homme politique du PS local, Patrick Mennucci, venu présenter aux marseillais son programme pour les prochaines élections municipales qui auront lieu en 2014…
Alors que pour certains, un tel spectacle était une vision d’horreur qu’il fallait fuir au plus vite, pour d’autres au contraire, c’était une occasion rêvée de pouvoir
discuter et d’échanger des points de vue avec l’un des prétendants à la succession du maire emblématique mais vieillissant qu’est Jean Claude
Gaudin…
Si la rencontre des citoyens dans leurs quartiers est une stratégie de communication très efficace, le « risque » est de ne jamais savoir qui est susceptible de venir s’inviter dans les débats, cherchant parfois la confrontation d’une manière étonnement agressive…
Ce matin là, aucun militant « anti-mariage pour tous » ne semblait être dans les parages et le candidat aux primaires PS a pu développer certains points de son programme pour Marseille… Jusqu’au moment où il a été apostrophé par un spectateur qui affirmait que les élus étaient moins taxés que les artisans, qu’ils étaient privilégiés… Et patati et patata, ce n’était pas la peine d’être voyante ou mentaliste pour deviner la suite…
Quoi qu’il en soit, Patrick Mennucci était content de ce premier stand up qui lui aurait permis de glaner 150
parrainages de citoyens pour les prochaines primaires PS en vue des municipales à Marseille et il s’apprêtait à renouveler l’opération dans d’autres quartiers de la ville…
Alors que des curieux et des touristes s’approchaient pour voir de quoi il retournait, il devenait intéressant de tendre l’oreille pour glaner quelques commentaires que seuls les marseillais peuvent faire… :
« Si Teissier remplaçait Gaudin, ce serait un peu comme si une antiquité préhistorique succédait à un fossile et donc, Mennucci a toutes ses chances… »
La remarque semblait pleine de bon sens mais il était temps pour moi de partir….