Nicolas Sarkozy avait dit qu’il fallait « liquider l’héritage de mai 1968 »… Compte tenu de sa large victoire de ce dimanche 6 mai, il doit être persuadé d’avoir tiré la
chasse de toilettes nauséabondes, même s’il s’est présenté dans son discours comme le « Président de « Tous » les Français ». Il en rêvait tous les matins en se rasant depuis
des années et voilà que cet étrange fantasme est devenu réalité.
Euphorique mais lucide, il s’est empressé de rendre hommage à Ségolène Royal et il a tendu la main à tous ceux qui n’ont pas voté pour lui. Pourquoi ? Parce qu’il sait que les
problèmes ne tarderont pas à venir et qu’il aura besoin d’une confortable majorité parlementaire s’il veut se donner les moyens de sa politique.
A peine commence t-il à savourer son succès que ses adversaires tirent déjà des plans sur la comète... François Bayrou persiste à vouloir créer dès la fin de la semaine son
« Parti Démocrate » alors que Jean Marie le Pen a déjà déclaré que le projet de M. Sarkozy est voué à l’échec. Le Parti Socialiste prépare sa riposte pour les élections
législatives de juin et dans le même temps, l’extrême gauche et les altermondialistes veulent un troisième tour social dans la rue. La menace la plus sérieuse viendra peut-être des banlieues où
de nouvelles émeutes sont à craindre si le Président Sarkozy ne parvient pas à calmer les tensions qu’il a lui-même créées ces dernières années.
Quoi qu’il en soit, le gouvernement de M. Sarkozy devra agir très rapidement. Son état de grâce pourrait bien ne pas durer et il lui faut en profiter au maximum avant une
« rentrée » de septembre qui s’annonce d’ores et déjà mouvementée. « Tourner la page de mai 1968 » ne sera certainement pas facile et ce serait un peu « faire
l’autruche » que de le laisser croire.
La métaphore des latrines est édifiante… Ce n’est pas parce qu’on a tiré la chasse que le problème a disparu et les spéléologues savent bien qu’il y a souvent des prolongements
insoupçonnables derrière un siphon qui semble peu engageant ! La politique Française n’est jamais avare de rebondissements et la prudence est de rigueur.
« Ad augusta per angusta » (Vers les splendeurs par des voies étroites)… !
Et si le Président Sarkozy avait vendu la peau de l’ours un peu trop tôt ?