Amsterdam Schiphol 4h du matin un dimanche. Nous arrivons de Singapour par un vol sans escale de la KLM et nous repartirons pour la France dans la soirée, ce qui nous laisse une journée entière de balade dans cette ville sympa. A travers le hublot, le temps à l’air maussade et on dirait bien qu’il pleut. Quand l’avion est enfin immobilisé sur le tarmac et que la porte s’ouvre, il n’y a plus aucun doute… Il fait bel et bien un temps à ne pas mettre un rapatrié équatorial dehors !

Le temps de laisser nos bagages de cabine à la consigne et nous voilà dans le train qui rejoint le centre ville en 20mn à peine. La gare est déserte et le moins que l’on puisse dire, c’est que le fond de l’air est frais. Trouver un café, pourquoi pas des croissants et attendre qu’Amsterdam s’éveille. Au petit jour, la lumière est superbe et j’en profite pour faire des photos sans personne dessus, ce qui change de l’heure de pointe. Un hélicoptère vert « caca d’oie » tourne au-dessus du quartier et des voitures de police arrivent en trombe, sirènes hurlantes… On se croirait presque à New York et je m’attends à voir débouler d’un instant à l’autre Starsky et Hutch dans leur bolide polluant…

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 Nous voilà bientôt devant une meute de policiers regroupés autour d’un tramway immobilisé. Je me risque à demander ce qu’il se passe. A Marseille, je me ferais « virer » illico et sans ménagement, mais le gros officier rougeaud me répond en anglais avec une amabilité surprenante. Il y a eu une attaque à main-armée chez un diamantaire qui a vite su choisir entre ses pierres précieuses et sa vie. Les « Rapetout » sont sortis précipitamment de l’atelier avec leur butin et l’un d’entre eux a fait une très mauvaise rencontre puisqu’il est passé sous les roues du tramway, sac de bijoux à la main. A l’heure actuelle, la police scientifique s’affaire autour du malfrat « éparpillé » et dont les jambes dépassent encore sur le côté de la motrice qu’il n’a pas du entendre venir.
 
« Bien mal acquis ne profite jamais… », Un wagon sur l’estomac avant le petit-déjeuner c’est indigeste et la morale est respectée… Mauvais Karma !
 
Un, peu plus loin, nous tombons sur ces fameuses dames en vitrine qui ont encore l’air bien pimpantes alors, (et c’est de circonstance), qu’il n’y a que le train qui n’a pas du leur passer dessus cette nuit. Il y en a pour tous les goûts, des blondes, des brunes, des grosses, des maigres, des blacks, des jeunes, des vieilles, … liste non exhaustive…  Et voilà que c’est la nana de notre groupe qui s’intéresse à cette «ménagerie», qu’elle demande le « programme » et que les demoiselles sont prêtes à l’inviter à les rejoindre dans l’arrière boutique… Après une nuit de bons et loyaux services tarifés, elles doivent finir par sentir le caoutchouc brulé et j’incite néanmoins la copine à aller « vérifier » si elle en a envie… Finalement, elle se « dégonfle »…. Que de la gueule !
 
Pour nous remettre de nos émotions et nous réchauffer un peu, nous entrons dans le premier café ouvert. C’est un coffee-shop où ont échoué des espèces de punks et autres « gothiques » après une nuit visiblement très agitée dans un night-club. D’un simple coup d’œil, je me rends compte qu’ils tiennent tout juste debout et qu’ils sont bien incapables de faire preuve de la moindre agressivité. Ils sont tellement amorphes qu’ils ne voient même plus les efforts déployés par une hôtesse pour les aguicher. Ils n’ont pas du consommer que de la bière et ils risquent fort de passer à leur tour sous les roues du tramway s’ils s’aventurent dehors dans un tel état. Une odeur caractéristique flotte dans l’air et d’ailleurs, il suffit de se rendre à un petit comptoir bien en vue dans le pub pour se faire « rouler » un joint avec une herbe à choisir parmi le large choix de la carte… La serveuse est souriante et de bon conseil. Il ne faut pas hésiter à sacrifier à la coutume locale, même si cela ternit un peu l’arome d’un délicieux Capuccino et gâche le goût des viennoiseries dont nous rêvions depuis longtemps.
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Un coup d’œil à l’extérieur permet de vérifier que la pluie fine a cessé et qu’il commence à y avoir de l’animation dans les rues. Nous pouvons jouer les touristes et profiter de notre dernière journée de voyage. Au hasard de la promenade, nous tombons sur l’exposition en plein air des photos de la «terre vue du ciel» de Yann Arthus Bertrand. Il est bientôt 11h du matin et nous sommes les seuls à déambuler entre ces images magnifiques. C’est à croire que les Hollandais ont été piqués par la mouche tsé-tsé ou qu’ils profitent de cette matinée dominicale pour récupérer de leurs ébats nocturnes. Dans l’après-midi, nous retournons à pied vers la gare où nous devons reprendre un train pour l’aéroport. Il y a enfin du monde, des piétons et des cyclistes qui ont intérêt à se méfier comme de la peste du tramway qui se déplace silencieusement et signale son approche par des coups de clochette discrets… Ding, Ding… Ou tu dégages ou tu es mort, c’est bon à savoir !
 
A Marseille, l’indiscipline chronique des citadins qui se précipitent sur l’abonnement « Vélo » pourrait bien se solder par une hécatombe… La Mairie pourrait d’ailleurs songer à un contrat « vélo-cercueil ». Mieux, elle pourrait offrir une prime à la famille du premier utilisateur qui se fera transformer en « américano écrasé » par le nouveau tramway.
 
En arrivant à l’aéroport, une image me revient à l’esprit. Celle d’un Indonésien qui avait bousculé tout le monde pour être le premier à descendre du wagon en gare de Jogjakarta. Alors que le train n’était pas encore arrêté, je l’avais vu trébucher et disparaître sans un cri, happé par les roues de la puissante machine…
 
Mourir pour gagner quelques secondes… Encore un mauvais karma !
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