Voici l’histoire très amusante d’un petit voyage en TGV entre Paris et Marseille dans la nuit du 1er au 2 décembre.
Ce soir là, je devais embarquer initialement à 19h16 mais compte tenu de retards et d’annulations de trains, je me suis présenté à l’accueil avec une heure d’avance pour savoir si mon TGV était bien au départ.
Un emmerdeur me bouscule et veut à toute force ma passer devant mais j’ai un « patch » très personnel contre ce genre de « zigue »…
- « Levez les lunettes… ! »
- le type l’air ahuri : « Pourquoi ? »
- « Parce que je vais vous les casser en vous mettant mon poing sur la gueule… »
- « Oooooh ! Si vous le prenez comme-ça, je m’en vais… »
Le malotru n’étant pas très téméraire, voilà qu’il a tourné les talons précipitamment, grommelant des borborygmes dans une barbe qu’il ne portait pas…
Protégé par la vitre de son aquarium, le préposé de la SNCF au demeurant très sympa m’informe qu’il y a beaucoup de retard et il me dit que je peux monter dans le TGV 6123 dont le départ était prévu pour 17h 16mn… Mais qui est encore là à 18h 15mn ! Après y avoir été autorisé par le contrôleur, j’embarque donc dans la rame avant que le train ne s’élance quelques minutes plus tard à 18h 40mn…
Si j’étais content de
pouvoir partir plus tôt, ma « joie » allait être de courte durée…
40mn plus tard, alors que le TGV ne semblait pas avoir pu prendre son allure croisière, voilà qu’il finit par être contraint de s’immobiliser en pleine voie suite à un incident technique…
Annonce radio : « La motrice est en panne, le mécanicien tente de réparer… ». Quelque chose me dit que çà sent le roussi et qu’on ne va pas tarder à rigoler…
Un peu plus tard, le « speaker » annonce que l’avarie étant trop importante, le convoi va retourner sur Paris où il sera procédé à un changement de TGV. Ce coup-ci, c’est sur que nous allons prendre beaucoup de retard !
Nous voilà donc repartis vers la capitale à l’allure d’un train de banlieue anémique mais en chemin, voilà qu’une nouvelle annonce est faite. Le train va faire une « boucle » pour que l’arrière se retrouve devant et il reprendra le rail en direction de Marseille…
Encore un peu plus tard,
c’est le mécanicien visiblement très en colère qui s’exprime, lâchant à la radio un message qui n’était visiblement pas à l’intention des voyageurs… « On m’a dit de faire un
« tête à queue » et il est hors de question qu’on reparte pour Paris… ». Il semble y avoir un sérieux problème de communication au sein du personnel de la
SNCF…
Cette nouvelle annonce a pourtant pour effet de détendre l’atmosphère dans le wagon où les passagers, essentiellement des gens en déplacements professionnels sont morts de rire... « C’est quoi un « tête à queue » ? « Un accident ferroviaire » ? « Une « inflation » à la Rachida » ? Si c’est le cas, la SNCF est vraiment sympa… !
Toujours est-il que les ventres gargouillent et que certains commencent à parler de gastronomie et que les fumeurs commencent à trouver le temps long depuis leur dernière cigarette…
Nouvelle annonce :
« Exceptionnellement, le TGV fera un arrêt dans une gare desservie par le RER, ce qui permettra à ceux qui souhaitent regagner Paris de pouvoir le
faire… ». La SNCF est trop bonne !
Alors que l’heure tourne, nous voilà arrêtés dans une gare déserte, « Combs la Ville – Quincy ». Dehors il neige, il caille et à bord il n’y a rien à bouffer et encore moins à boire, le service de restauration étant fermé en raison de « l’absence de personnel »…
Il semblerait que nous allons pouvoir repartir pour Marseille et à la radio, une nouvelle voix annonce que le train fera un arrêt au Creusot pour charger des plateaux repas… Les plus gourmands imaginent déjà qu’ils vont pouvoir faire un bon repas mais ils n’imaginent pas que les fameux « sandwiches SNCF » les guettent…
Alors que le
TGV roule à nouveau, dans la rame, les passagers rivalisent de plaisanteries et se demandent s’ils ne sont pas en plein tournage de « Vidéo-Gag ». Par
moments, de drôles de bruits se font entendre sous le wagon mais il s’agirait tout simplement de blocs de glace se détachant du train…
Enfin, nous arrivons au Creusot ou le ravitaillement en nourriture a été annoncé un peu plus tôt. Etant dans la voiture attenante au restaurant, j’assiste au chargement des fameux « plateaux repas », en l’occurrence, des boites en carton, « Voyageurs assistance » contenant une bouteille d’eau, une petite boite de taboulé, une salade de fruits, du pâté garanti « sans porc », des biscuits et des tranches de pain azyme, encore plus fin que celui du chanteur Renaud…
Après un arrêt en gare
d’Avignon TGV puis d’Aix en Provence TGV, nous arrivons enfin à Marseille ou bien entendu, il n’y a ni bus ni
métro depuis longtemps. Alors que le personnel SNCF tente de regrouper les personnes ayant besoin de taxis, les plus malins tentent de se débrouiller par leurs propres
moyens. A l’extérieur, ils sont accueillis par des escrocs qui tentent de monnayer 60 euros pour de simples courses en centre ville…
Une équipe de journalistes de TF1 est là pour recueillir les premières réactions de ces « naufragés du rail » qui sont très en colère mais plutôt hilares et consternés par ce qui vient de se passer ces dernières heures.
Alors que la
SNCF était informée de ce retard depuis plusieurs, heures et qu’elle prendra en charge les taxis, aucun n’est présent sur place et le ton monte entre certains
voyageurs « grandes bouches » et le personnel de « SNCF assistance », la scène étant surveillée du coin de l’œil par la brigade
ferroviaire…
Après une heure d’attente mise à profit pour faire quelques photos de cette belle pagaille, j’ai enfin réussi à embarquer dans un de ces taxis gracieusement offerts par la SNCFqui est décidément trop « bonne »….
Le train à « Grande Vitesse » s’est transformé en train à « Grande Lenteur »…
Avec la SNCF, TOUT est vraiment possible… !