Le 18 aout 2008, dix soldats Français ont péri dans une embuscade, quelque part en Afghanistan. Il y avait bien longtemps que l’armée française n’avait pas subi d’aussi lourdes pertes et les questions n’ont pas tardé à tomber. Il y a ceux qui estiment que la France « doit » être présente là-bas, qu’elle doit assumer son rôle de grande puissance économique et ceux qui dénoncent une attitude qu’ils jugent un peu trop « donneuse de leçons » quand ce n’est pas carrément « colonialiste »…
La « mission » des troupes de la coalition en Afghanistan est de lutter contre le terrorisme international et de débarrasser l’Afghanistan des Talibans et de leurs pratiques archaïques et barbares. Les associations humanitaires qui sont présentes sur place ne pourraient travailler sans la protection des militaires qui sont pourtant très souvent perçus comme des envahisseurs qu’il faut chasser quel qu’en soit le prix…
La puissante armée russe s’est « cassée les dents » sur le terrain et les bombardements intensifs des américains n’ont pas réussi à venir à bout de ces rebelles planqués dans ces montagnes qu’ils connaissent mieux que personne d’autre. Loin d’être affaiblis, ils semblent même reprendre des forces et ils organisent leur résistance. C’est dans ces conditions difficiles que les troupes de la coalition internationale interviennent et se retrouvent de plus en plus souvent sous le feu d’un ennemi qualifié de « barbares » qui n’ont rien d’une armée traditionnelle et ne respectent pas les « codes » de la guerre moderne. Désormais, les généraux vantent les mérites des « guerres propres » et ils rechignent à engager des hommes sur le terrain, préférant larguer sans risques des tapis de bombes et de missiles depuis une altitude de plus de 10000m… Ils parlent de « frappes chirurgicales » mais les bavures sont nombreuses et les civils qui « trinquent » développent une haine farouche du « ricain » et par extension de tout étranger portant un uniforme.
Cette embuscade a fait l’effet d’une douche froide et la question du maintien des troupes françaises en Afghanistan a très vite été posée, comme si il était étonnant de mourir quand on va faire la guerre… Depuis quelques années, l’armée française s’est professionnalisée et ceux qui s’engagent sur cette voie le font, ou devraient le faire en pleine conscience des risques qu’ils encourent et contre lesquels ils sont mal préparés. Que faire quand des jeunes gens sont prêts à se faire exploser au milieu d’une foule au nom d’un Dieu qu’ils sont certains de rejoindre dans la foulée ? En Afghanistan comme en Irak, les militaires n’ont pas été accueillis « avec des fleurs » mais avec des rafales de Kalachnikov, contrairement à ce qu’avait prédit un certain George Bush qui au Moyen-Orient et en Asie Centrale est de plus en plus souvent perçu comme l’incarnation du grand Satan… Il est difficile de faire évoluer des gens qui n’en ont pas forcément envie et le chemin vers une liberté et un mode de vie que l’on souhaiterait « à l’occidentale » risque d’être encore très long.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, je m’étais aperçu qu’un individu comme Ben Laden exerce une véritable fascination dans certains pays où il est considéré comme un véritable héros des temps modernes, une sorte de Robin des Bois qui défend les pauvres... Quelques mois après l’attentat du 11 septembre à New York, j’avais été très étonné de voir des T-shirts à l’effigie du chef terroriste barbu envahir les marchés de certaines villes indonésiennes et j’en avais parlé là :
http://jojomigrateur.over-blog.com/article-12324457.html
Je conseille à tous ceux que l’imagination d’une destinée héroïque fait entrer en érection « king size », d’écouter cette vieille chanson de Graeme Allwright qui concernait la guerre du Viet Nam et qui n’a pas pris une ride… Il suffirait d’ailleurs de changer quelques mots pour la remettre au gout du jour…
La conscription nationale a fort heureusement disparu de notre pays, merci Monsieur Chirac, et c’est en toute liberté que les apprentis guerriers peuvent désormais aller s’engager « pour le pays », ce qui donne une justification « patriotique » à des motivations qui ne sont pas forcément très nettes…
On peut toujours rêver et se dire que ces martyrs en puissance cèderont leurs places à leurs chefs, ces « planqués » qui appliquent à la lettre la devise hyper réaliste de Georges Brassens :
« Mourrons pour des idées, … d’accord mais de mort lente… ! »
Tu es parti là-bas sans savoir pourquoi
Je n'crois pas que tu cherchais la gloire
Tu avais peut-être seulement du mal à jouer le jeu
Dans ta petite ville sans histoire
On t'a dit que là-bas la cause était juste
Qu'il fallait vaincre à tout prix
Puis c'est facile de laisser les autres penser pour soi
Alors sans savoir pourquoi tu es parti
Mais c'est bientôt fini Johnny
Vois-tu encor le soleil ?
C'est bientôt fini Johnny
Sens-tu venir le sommeil ?
Toi qui lisais les bandes dessinées
Et te voyais en surhomme vainqueur
Là-bas dans l'enfer des forêts vertes
Tu as appris à connaître la peur
Tu as appris à manier des armes nouvelles
A brûler des femmes et des enfants
Tu n'aimais pas ça, mais on n'a pas le choix
Et la peur est un maître exigeant
Mais c'est bientôt fini Johnny
Vois-tu encor le soleil ?
C'est bientôt fini Johnny
Sens-tu venir le sommeil ?
Les soirs de chaleur dans le quartier réservé
Tu dégueulais toute ta bile
Tu creusais le vide du désespoir
Dans tes ébats virils
Mais souvent tu pensais à une après-midi
Où tu l'a vue dans un milk-bar
C'était un peu pour elle que t'avais oublié la bande
Et les cuites du samedi soir
Mais c'est bientôt fini Johnny
Vois-tu encor le soleil ?
C'est bientôt fini Johnny
Sens-tu venir le sommeil ?
Entends-tu Johnny les avions s'en aller
Ils retournent maintenant à leurs bases
Ils ont tout lâché et leurs bombes sont tombées
Sur toi Johnny et tes camarades
Oui c'est comme ça absurde et cruel
J'crois qu'tu commences à comprendre
Mais c'est un peu tard, oui, un peu tard
Bientôt la nuit va descendre
Maintenant c'est fini Johnny
Tes yeux se ferment déjà
Maintenant c'est fini Johnny
Dans cette terre meurtrie, tu dormiras
Graeme Allwright